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Apaches !
Apaches ?
Qui sont ces Apaches que l'on voit sur scène ?
La généalogie remonte à Ravel et au cercle d'artistes, d'amis ou de mélomanes réunis autour de lui à la veille de la Première Guerre mondiale. Un cénacle chahuteur dont les membres, un jour à la sortie d'un café, se firent traiter d'«apaches !», de mauvais garçons.
Cette bande composée de musiciens, poètes ou chefs d'orchestre se réunissait chaque semaine chez les uns ou les autres pour partager leurs œuvres. Une célébration artistique aux visions entremêlées, où le feuilleté des genres tenait lieu de structure. Delage, Viñes, Fargue, Klingsor et Inghelbrecht... tous différents, tous Apaches pourtant, unis puis dissous dans la nuit de la guerre.
Un siècle plus tard, l'homme a marché sur la Lune, le phénomène d'amplification musicale existe et l'esprit des Apaches ressuscite. A Paris, dans leur quartier de Belleville ? Non, à travers la France. Sous l'impulsion du chef Julien Masmondet, le nouveau mouvement, en hommage autant qu'en prolongement, se donne pour ambition de présenter des spectacles pluridisciplinaires avec une bande ad hoc.
Selon les formats, dans la fosse ou sur scène, jusqu'à une trentaine de musiciens, rompus au contemporain, chambristes, tous solistes, associent la souplesse de la jeunesse à l'expérience de la maturité. Et, derrière les partitions, les Apaches du XXIe siècle se sont adjoint les collaborations de compositeurs installés mais aussi de jeunes talents représentatifs d'une esthétique variée.
La résurrection se produit à l'Athénée en 2018, où ces nouveaux Apaches présentent une nouvelle production de Trouble in Tahiti de Bernstein accolée à un opéra composé pour l'occasion par Pascal Zavaro, Manga Café. Deux ans plus tard, toujours dans l'ancien temple de Louis Jouvet, toujours sur la passerelle qui relie la musique aux autres arts, le lancement de la nouvelle formation est acté par un concert-manifeste qui célèbre le répertoire des Apaches, ceux de jadis comme ceux d'aujourd'hui.
Depuis, leurs spectacles s'intéressent entre deux portées à ce qui fait vibrer notre société. C'est le dispositif Ça vous dérange ?, où la formation, rebondissant sur le vote en 2021 de la loi pour la protection du patrimoine sensoriel des campagnes, donne carte blanche à des compositeurs pour une déambulation immersive agrémentée d'un débat sonore. C'est aussi l'ambitieux Street Art, où dialoguent la musique d'aujourd'hui et les performances d'un free-runner et d'un danseur-acrobate sur des partitions de Steve Reich et de trois compositeurs associés. C'est, pour le futur, l'infini des possibilités entre toutes les composantes du spectacle vivant, technologiques ou artisanales, amplifié ou non, qu'il s'abreuve à la comédie, la musique, la vocalité, la danse ou la littérature.
Les Apaches, donc. Où l'engagement de faire se rencontrer tous types d'art sur le même territoire scénique.
- Guillaume Tion